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Je me souviens encore de l'herbe sous mes pieds et les oiseaux qui chantaient en me voyant arriver dans la prairie. J'avais que six ans, mais je m'en souviens encore. Je courrais partout en riant, m'amusant avec un rien. Malheureusement, ce n'est pas ce que mes précepteurs désiraient. Non, ils voulaient que je sois bien éduquée, selon les règles établies auprès des êtres célestes, mais mon coeur d'enfant ne les entendait pas. Je préférais bien plus jouer avec les animaux en compagnie des plantes que d'écouter un vieil homme parler du passé et des êtres ayant vécu des moments de gloire. Je ne voulais rien entendre, mais que je l'accepte ou non, on m'enseigna. J'appris à lire, à écrire et à converser dans plusieurs langues, en quelques mois. En effet, je faisais partie de ces enfants qui apprenaient plus vite que la normale. C'est d'ailleurs ce qui effraya la plus mes enseignants... et mes parents. Pourquoi? Parce que j'agissais encore comme une enfant, mais mon raisonnement n'avait rien en commun avec mon attitude, ils le surent quand ils décidèrent d'entrer dans ma tête. Malheureusement pour eux, j'appris rapidement à contrer leurs entrées et à contrôler mes pensées de fassons à ce qu'ils voient uniquement ce que je voulais leur montrer, rien d'autre.

Cependant, en vieillissant, je pris conscience de l'état d'esclave des immortels vis à vis de mes semblables. Je devins de plus en plus agressive auprès des miens, me rebellant peu à peu sans vraiment comprendre ce que je faisais vraiment. C'est uniquement lorsque mon frère aîné me plaqua contre un mur avec la colère au ventre que je compris que j'en faisais trop. Par la suite, je fus plus discrète et j'appris à garder mes distances, empêchant les gens de devenir mes amis. Je ne voulais pas de leurs présences, je ne voulais pas de leur pitié. Rapidement, je me mis à approcher les immortels afin de les aider, confortant ceux dont les maîtres avaient de fâcheuses tendances à abuser d'eux. Auprès des immortels, on me surnomma rapidement la consoleuse, mais de l'avis des autres dieux, je n'étais rien d'autre qu'une perte. Ils ne savaient pas à quel point ils avaient raisons.

Lorsque j'eus atteint mes douze ans, je fis une chose irréparable... C'est-à-dire que je trahis la confiance de mon frère en lui volant une clé. Une clé pouvant ouvrir un portail pour l'Autre monde. J'ai utilisé cette clé pour de jeunes immortels, leur permettant ainsi d'échapper au joug de leurs maîtres, mais dès qu'ils furent à un mètre de la porte, les gardiens apparurent. Je ne vis rien venir, mais je fus au premier rang pour voir leur corps tomber les uns après les autres sur le sol... Le sang prenant davantage d'espace en quelques secondes à peine. Je venais d'assister à la mort de mes seuls amis, les seuls être que j'avais accepter dans mon cercle d'amis... Rapidement, on se saisit de mes bras afin de m'empêcher de bouger, j'étais sous le choc, mais lorsque le voile s'effilocha, je me mis à crier de toutes mes forces. Je ne voyais pas ce que je faisais, je savais uniquement que je communiquais ce que je ressentais à mon environnement, la terre.

Je ne sentis pas la terre trembler, je ne vis pas les demi-dieux se faire embrocher par des arbres poussant à une vitesse extrême. Je ne vis pas plus celui qui tenais mon bras gauche se faire engloutir par un sable mouvant et je ne le vis pas plus apparaître devant moi. Je ressentis uniquement une douche froide, puis une douleur sur la joue. Je venais d'ouvrir mes yeux, mais j'aurais voulu ne jamais les avoir ouvert. La froideur que je voyais dans son regard me figeait sur place, m'empêchant de bouger. Il était mon frère de sang, mais à ce moment-là, je ne voyais rien d'autre en lui qu'un dieu appliquant une loi, ce que je pouvais détester ces lois... J'avais que douze ans quand je perdis conscience. J'étais qu'une enfant quand ce fut le noir total dans ma tête.


685 ans plus tard.

Avez-vous déjà vu une silhouette étendue de tout son long sur un autel argenté? Ce même autel qui fut créé plus de six cents ans auparavant afin d'empêcher la magie de pénétrer ces lieux qui furent maudits. Non? Moi oui. Puisque je m'y suis réveillée il y a à peine cinq ans. Je n'ai plus peur des dieux et la colère hurle en moi comme un brasier ardent qui ne demande qu'à flamber. Si les gens disent que je suis plus belle qu'une rose, ils doivent davantage faire attention à mes épines, car ce sont mes épines qui finiront par détruire ces lois que je trouve injuste. Si je suis maudite, c'est uniquement parce que j'ai décidé d'écouter mon libre-arbitre, mais il semblerait que cela soit mal. Toutefois, ce n'est pas mon avis et il s'agit d'une de mes valeurs, alors je me cache, en attendant le moment propice.